Déconfinement: reprise le 11 mai
Lors de sa dernière allocution, le premier ministre a annoncé le retour à l’école des élèves de la maternelle et du primaire à compter du 11 mai. Nous attendons des directives d’application de la part du ministre, des DSDEN , voire des DEC, et localement, de chaque école.
Le syndicat Fédération Enseignement Privé Anjou Maine Vendée CFDT (FEP AMV CFDT) est conscient que cette rentrée est avant tout une décision économique. Elle est la condition sine qua non permettant aux parents de reprendre leur emploi. Si nous comprenons que, sans cette réouverture des écoles, l’économie restera au ralenti, il aurait été plus honnête de le notifier de façon explicite.
Le FEP AMV CFDT est par ailleurs très dubitatif sur les garanties sanitaires affichées par le gouvernement : malgré le port de masque, la fourniture de gel, le nombre restreint d’élèves accueillis, la limitation des contacts, l’organisation des déplacements, la gestion des déjeuners, l’entretien des locaux, nous savons tous que ces mesures seront difficilement applicables dans le quotidien d’une classe : Qui peut certifier qu’aucun élève (ou aucun adulte) n’en touchera un autre, ne partagera un objet, ne toussera, ne s’approchera à moins d’un mètre ? Comment les enseignant-es pourront-ils faire la classe tout en gérant ces gestes sanitaires ?
Ces règles semblent faire fi du fonctionnement des classes d’aujourd’hui : les élèves travaillent sur des cahiers, mais aussi avec des jeux, des outils pédagogiques, des claviers. Ils changent de place, coopèrent, bénéficient d’un accompagnement de proximité des enseignant-es… Depuis longtemps, l’enseignant-e n’est plus devant le tableau, interrogeant ses élèves assis à leur bureau respectif. Et de tout temps, les plus petits ont besoin d’aide pour les gestes basiques, d’hygiène, de soins, d’habillage et de réconfort.
En outre, le FEP AMV s’interroge sur un certain nombre de points qui n’ont, pour l’heure, aucune réponse :
- Si, à l’école, les groupes seront limités à 15 élèves maximum, où et comment les autres élèves seront-ils accueillis ?
- Comment les garderies péri-scolaires pourront organiser des activités culturelles et sportives respectueuses des règles sanitaires ?
- Comment les enseignant-es pourront être présent-es dans les écoles et organiser simultanément la continuité pédagogique des élèves qui ne seront pas présents ?
- Quels objectifs pédagogique seront privilégiés, les programmes ne pouvant être entièrement couverts ?
- Comment les enseignant-es vont pouvoir assurer une surveillance de tous les instants, incluant les temps de classe, les récrés et parfois, la pause déjeuner ?
- Qui prendra en charge les classes dont les enseignant-es seraient absent-es (personnes à risque ou vivant avec une personne à risque) ?
- Qui gérera l’entretien accru des locaux ? si, dans ce cadre, les ASEM ont une charge de travail plus importante, comment les enseignant-es de maternelle pourront travailler sans leur présence indispensable ?
Pour le FEP CFDT, la reprise devra aussi être pensée au-delà des questionnements techniques. Il serait impensable de démarrer directement une activité d’enseignement classique. Pour toutes et tous, du temps sera nécessaire pour faciliter la résilience, permettre de refaire collectif. La ré-union ne sera pas évidente, ne sera pas facile : certain-es d’entre nous ont subi des traumatismes (deuil, affaiblissement par la maladie, angoisses). La préparation de ces temps est délicate, elle suppose de conjuguer des compétences multiples. Enfin, c’est la reprise de septembre 2020 qui sera elle aussi une rentrée particulière. Il faudra que les équipes aient les moyens spécifiques pour préparer et vivre une année scolaire 2020-2021 la plus sereine et bénéfique possible.
Quoi qu’il en soit, la rentrée du 11 mai ne sera pas sans risque. Ne leurrons personne, ni les enseignant-es, ni les familles : Il faudrait que chacun puisse choisir en toute liberté !