Continuité pédagogique et vacances

Après ces semaines de confinement, chacun-e peut mesurer les effets et les limites de la continuité pédagogique. Pour les élèves et leurs parents, la situation peut s’avèrer souvent complexe. De nombreux spécialistes soulignent les difficultés techniques, organisationnelles, pédagogiques, le risque d’aggravation des inégalités, la fatigue accrue, la démotivation, voire le décrochage.

De l’autre côté de la chaine, les enseignant-es sont aussi lourdement impacté-es. La mise en place de la « continuité pédagogique » a demandé à chacun-e un lourd investissement. Cette profonde mutation apporte son lot de nouveautés, de découvertes, ressenti comme challenge motivant.. Le confinement nécessite souvent de se pencher sur toutes les ressources numériques. Mais, si le ministre de l’Education a annoncé « on est prêt », il semblerait qu’il parlait uniquement des éléments technologiques : les enseignant-es auraient eu besoin de temps pour transformer leurs pratiques de classe en travail à distance. Après 4 semaines de fonctionnement, certain-es enseignant-es se sentent fatigué-es, déstabilisé-es par un fonctionnement souvent frontal, épuisé-es par les heures passées devant leur ordi, submergé-es par les horaires à rallonge, parfois isolé-es, sans compter leurs propres inquiétudes et difficultés d’organisation familiale.

A l’issue de cette expérience, il faudra bien mesurer les effets de ces pratiques : les élèves ont-ils conservé un lien suffisant avec les apprentissages ? ont-ils maintenu leurs acquis ? ont-ils pu s’entrainer ou progresser de façon satisfaisante ? ont-ils intégré les notions nouvelles le cas échéant ? Le risque est de réaliser que, malgré l’investissement des uns et des autres, les résultats ne soient pas à la hauteur de l’énergie déployée… Plutôt qu’inciter les enseignant-es à relever un nouveau défi d’innovation, il aurait peut-être mieux valu les inviter à viser des objectifs réalisables dans ce contexte très particulier.

Et, au fond, reconnaitre les limites de ces modalités de travail permet d’entériner que l’enseignement ne peut être pleinement efficace sans échange direct ni interaction. Enseigner est un vrai métier, impliquant une formation, des compétences, une expertise. Il ne peut être sous-traité à un tiers qui aurait à appliquer une feuille de route. La valeur de notre propre travail pourrait sortir grandie de cet événement inédit.

Infos pratiques :

Les vacances de Printemps sont maintenues comme prévu même si certains professeurs pourront, sur la base du volontariat, assurer du soutien scolaire. L’accueil spécifique des enfants de personnels nécessaires à la gestion de la crise sanitaire est maintenu.

• La continuité pédagogique est suspendue du 11 au 26 Avril.
• L’accueil des enfants de soignant-es par des enseignant-es volontaires peut être maintenu, ou être organisé par les services de garderie périscolaire. Les enseignant-es pourraient être rémunéré-es, mais les modalités n’ont pas été communiquées.
• Des stages de soutien peuvent être organisés par des enseignant-es volontaires : 6h pendant les vacances, en distanciel, pour un petit groupe d’élèves qui le souhaitent et particulièrement à ceux qui en ont le plus besoin. Les enseignants seront rémunérés en HSE (environ 150€).

Catherine Jeanneau